Heroic Fantasy
Ajouté par La Cinémathèque du Bis
Ajouté le mai 09, 2020
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Tu fantasmes sur de grands costauds vêtus de slip en peau de bête et munis d’énormes… épées ? Il est temps d’annoncer la vérité à ta femme : « Chérie, je ne veux plus mentir, ni à toi, ni à moi-même. Voilà : je suis… Je suis fan de sword and sorcery.» Rassure-toi, ami, nous le sommes aussi !
La sword and sorcery (« épée et sorcellerie ») est généralement considérée comme une variante « bas du front » de l’heroic fantasy (« merveilleux héroïque », lui-même intégré au vaste univers de la fantasy). Les deux genres s’ancrent dans des univers plus ou moins imaginaires, peuplés de magiciens, de sorcières, d’animaux fabuleux (et de créatures affriolantes dont la taille du soutien-gorge est inversement proportionnelle au développement mammaire), où les protagonistes affrontent les forces du mal pour faire triompher la justice.
Mais la sword and sorcery se distingue par son caractère plus brutal, plus cru, plus trivial. Exit les héros vertueux au cœur pur, la quête initiatique, les enjeux planétaires, voire cosmiques : place aux (anti) héros sans réelle profondeur psychologique, au récit privilégiant l’action à la substance thématique et à l’affirmation de la force brute comme valeur absolue. Comme le résumait Michael Moorcock, l’auteur de « « Elrik le Nécromancien » : « Je vois ça comme un bon vieux péplum, ou un film de cape et d’épée avec d’importants éléments surnaturels. La rencontre de Capitaine Blood et Cthulhu. » Bref, toute la différence entre un combat de boxe dans les règles du noble art et une baston de rue.
« C’est en cette contrée que vint Conan… »
Au cinéma, le genre va connaître son bref âge d’or durant les années 80, avec la vague des films de barbares. Le déclencheur : « Conan le barbare » (1982), adaptation des exploits du héros de pulp magazines créé en 1932 par Robert E. Howard (également papa, entre autres, de Kull, le roi barbare et de Solomon Kane, tous deux portés à l’écran en 1997 et 2009).
Fresque épique aux accents nietzschéens, sombre vengeance sur fond de drame existentiel, le film de John Milius (notamment scénariste de « Apocalypse now », quand même…) propulsera Schwarzenegger au panthéon des beefcakes et s’affirme, aujourd’hui encore, comme la référence absolue du genre, l’épée des rois faisant passer le glaive de tout challenger pour une pauvre contrefaçon d’Opinel. Même les deux retours à l’écran du Cimmérien supportent difficilement la comparaison avec l’original : « Conan le destructeur », réalisé en 1985 par Richard Fleisher (« Les Vikings », « Soleil vert »), reste un agréable film d’aventure au ton bon enfant. Quand au reboot raté de Marcus Nispel en 2011…
Carton en salle aussi colossal que la stature d’Arnie, « Conan le barbare » suscite immédiatement des émules tentant de dupliquer, avec plus ou moins de réussite (et d’originalité…), la formule gagnante de Milius. Durant quelques brèves années vont surgir sur les écrans une flopée de néo-Conan, parfois authentiquement barbares, parfois authentiquement barbants, voire totalement déconnants.
Invasion barbare
Toujours prompts à s’aligner sur les derniers succès du box office, les Italiens sont les premiers à dégainer avec « Gunan il guerriero » (le nom ne vous rappelle pas quelqu’un?) de Franco Prosperi (co-réalisateur avec Mario Bavo du très bon « Hercule contre les vampires » en 1961), sorti quelques mois après « Conan le barbare ». Inédit dans nos contrées, le film connaît un joli succès en Italie (il générera deux suites), déclenchant une invasion barbare menée par des réalisateurs bien connus des bissophiles : le sympathique « Ator l’invicible » (1982) réalisé par Joe d’Amato (le personnage reviendra pour trois suites), l’esthétisant« Conquest » de Lucio Fulci (1982), l’étonnant mélange sword and sorcery / science-fiction de « Yor, le chasseur du futur » (Antonio Margheriti, 1983)… Un intrus dans cette liste : « La guerre du fer », réalisé par un Umberto Lenzi sous double perfusion « La guerre du feu » (le cadre préhistorique) et « Conan le barbare » (le très musclé Sam Pasco). Malgré une affiche digne des plus belles œuvres de Frazetta, le film s’apparente davantage au genre « aventure » qu’à la sword and sorcery proprement dite (ce qui ne le rend pas moins jouissif).
Disons le franchement : comme ce sera le cas pour la vague post-apo, ces films, hautement recommandables pour l’amateur, ne tiennent pas toujours les promesses de leurs superbes affiches. La faute à des budgets souvent rachitiques : costumes en peau de bête fleurant bon la fourrure synthétique, perruques en crin de cheval, authentiques épée en plastoc… Des défauts contournées par les productions anglo-saxonnes globalement (un peu) plus friquées (et moins directement inspirées de Conan), parmi lesquelles se distinguent notamment « L’épée sauvage » (1982), « Krull » (1983) et le très bon « Dar l’invicible » (grâce aux potions du sorcier Viha-Graa?), signé en 1982 par Don Coscarelli (la saga « Phantasm », « Bubba Ho-Tep »).
La place des femmes dans cet univers über viril imprégné d’homoérotisme (et de sueur de culturiste) ? Certaines font jeu égal avec les hommes pour le maniement de l’épée et la distribution de bourre-pifs, telles « Red sonja » (encore une création de Robert E. Howard portée à l’écran en 1985 par l’inusable Richard Fleischer), la féroce Ibérique « Hundra » (1983), ou les femmes guerrières du dyptique « Barbarian Queen » (1985 et 1990).
Quand les muscles débandent
En 1987, « Deathstalker II » de Jim Wynorski, l’un des plus prolifiques artisans de l’écurie Roger Corman, décline les codes du genre avec une bonne dose d’ironie (l’héroïne prédit au héros qu’un jour, il sera « aussi célèbre que Conan »). Depuis Abbott et Costello et leurs parodies des grands monstres Universal, on sait que l’humour signe souvent le déclin d’un genre…
La même année, dans un louable effort pour attirer la clientèle, la Cannon tente le coup du « deux pour le prix d’un » : réalisé par Rugerro Deodato, « Les Barbarians » met en scène les musculeux frères Paul dans une bande joyeusement déconnante multipliant les hommages à Conan. Mais déjà, le public a les yeux ailleurs et, malgré quelques films au cours de la décennie suivante, le temps des barbares est révolu.
Au début des années 2000, la rumeur enfle : Schwarzy va reprendre du service sur les terres hyboréennes! On parle d’un Roi Conan sortant de sa retraite pour défendre son trône, on rêve déjà, l’oeil humide, à une conclusion grandiose de la saga du barbare… Mais en 2017, le couperet tombe : « Legend of Conan » ne verra finalement jamais le jour, l’épée restera au fourreau.
Depuis, les amoureux de sword and sorcery attendent la venue du nouvel élu. D’un barbare détenteur du secret de l’acier qui débarquera dans les salles obscures « pour fouler de ses sandales les trônes constellés de joyaux de la terre ».
1980 Voltan le barbare de Terry Marcel
1981 L’archer le sorcier de Nicholas Corea
1982 Conan le barbare de John Milius
1982 La vengeance du faucon de Vatroslav Mimica
1982 Sorceress de Jack Hill
1982 Attila, flagello di Dio de Franco Castellano
1982 Ator l’invincible de Joe D’Amato
1982 L’Épée sauvage de Albert Pyun
1982 Dar l’invincible de Don Coscarelli
1982 Gunan il guerriero de Franco Prosperi
1983 Le retour du barbare de Franco Prosperi
1983 Deathstalker de James Sbardellati
1983 Les 7 gladiateurs de Bruno Mattei et Claudio Fragasso
1983 Conquest de Lucio Fulci
1983 Yor le chasseur du futur de Antonio Margheriti
1983 Adam et Eve contre les cannibales de Enzo Doria et Luigi Russo
1983 Thor le guerrier de Tonino Ricci
1983 Sangraal de Michele Massimo Tarantini
1983 Ironmaster, la guerre du fer de Umberto Lenzi
1983 Krull de Peter Yates
1983 Le Maître du monde de Alberto Cavallone
1983 Tunka el guerrero de Joaquin Gomez
1984 The Lost Empire de Jim Wynorski
1983 Tygra, la glace et le feu de Ralph Bakshi
1984 Ator 2 de Joe D’Amato
1984 Kaine le mercenaire de John C. Broderick
1985 Kalidor : la légende du talisman de Richard Fleischer
1985 La revanche de Samson de Sisworo Gautama Putra
1985 La revanche de Samson de Sisworo Gautama Putra
1985 Barbarian Queen de Héctor Olivera
1985 Les magiciens du royaume perdu de Hector Olivera
1985 Ladyhawk, la femme de la nuit de Richard Donner
1986 Les Amazones de Alejandro Sessa
1987 Ator le guerrier de fer de Alfonso Brescia
1987 Les Barbarians de Ruggero Deodato
1987 Deathstalker II (Jim Wynorski)
1987 Gor de Frietz Kiersch
1988 Le guerrier de l’enfer – Deathstalker III de Alfonso Corona
1989 Les magiciens du royaume perdu II de Charles B. Griffith
1989 Sinbad de Enzo G. Castellari et Luigi Cozzi
1989 Les Bannis de Gor de John Bud Cardos
1990 L’Épée du Saint Graal de Joe D’Amato
1990 Barbarian Queen II de Joe Finley
1991 Dar l’invicible 2 : la porte du temps de Sylvio Tabet
1991 Deathstalker IV : match of titans de Howard R. Cohen
1991 Wizard of the demon sword de Fred Olen Ray
1991 Time barbarians de Joseph John Barmettler
1994 Desideria et le prince rebelle de Lamberto Bava (mini-série de deux épisodes)
1996 Dar l’invincible 3 : L’oeil de Braxus de Gabrielle Beaumont
1996 La légende d'Aliséa de Lamberto Bava
1996 La légende d'Aliséa de Lamberto Bava
1997 La princesse et le pauvre de Lamberto Bava
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