Le cinéma français relève de trois modes de financement qui favorisent sa créativité : star-system, producteurs, avance sur recettes. Le polar, genre très populaire, ne fait pas exception. Pourtant, un examen des deux dernières décennies atteste des changements significatifs. Selon Jean-Pierre Jeancolas, l’explosion des multiplex et l’accélération de la rotation des films reflètent une adaptation « aux pratiques les plus avancées du capitalisme : concentration et marketing ». De plus en plus nombreux et onéreux, les films n’ont pas le temps de s’imposer. La télévision investit dans des produits formatés. L’argent du CNC (centre national du cinéma et de l’image animée), du fait des coproductions, risque un jour de financer Hollywood. La crise économique atteint un art dont la survie s’avère menacée. Si le genre policier domine le petit écran, qu’en est-il pour le cinéma ? Certes, la production s’intéresse aux jeunes réalisateurs mais il reste très difficile de tourner un second film.

Ceux de la Nouvelle Vague ont investi le genre : Rivette, Paris nous appartient, 1960, Truffaut, La sirène du Mississipi, 1969, Lelouch, Le Voyou, 1970, Godard, Bande à part, 1964. On ne saurait tous les énumérer. À bout de souffle conserve la structure du polar, mais s’en détache par une écriture novatrice. Chabrol, qui dépeint de façon corrosive la bourgeoisie de province tourne en 2000 L’ivresse du pouvoir, inspiré par l’affaire Elf.

Avec les années 1970, de nouveaux réalisateurs apparaissent, dont certains font du cinéma un outil politique. Téchiné, Jacquot, Deville, Sautet, Miller, Doillon, Garrel, Cavalier, Tavernier, Pascal Thomas, Serge le Péron, animateur du collectif Cinélutte, Juliet Berto et Jean-Henri Roger (du groupe militant Dziga Vertov), Becker, Blier, Besson, Beineix, etc.

Entre 1980 et 1985, la notion d’auteur prime sur celle de genre. Le polar populaire incarné par des duos de stars (Belmondo /Delon), associé à des cinéastes, Lautner, Verneuil ou Deray, exécutants fidèles de divertissements, s’essouffle. Ces réalisateurs ont contribué à la prospérité du marché. Ce type de films persiste à la télévision.