A l'époque de sa sortie, Effroi fut présenté comme un plagiat de La malédiction de Donner? La Loggia, le réalisateur, a toujours réfuté cette accusation. Pour lui, son scénario présentait le diable comme un être humain en désaccord avec lui-même. Mais La Loggia a-t-il pensé aux conséquences scénaristique de ce choix ? Parce qu’en jouant la carte d’un jeune homme troublé, La Loggia décide d’en faire un gay refoulé. Il ne s’agit pas d’une interprétation, le film est explicite sur ce point: Andrew embrasse un des garçons qui l’intimide et quand il entre en pleine possession de ses pouvoirs sataniques, il se met du rouge à lèvres ! Fear No Evil est-il homophobe parce qu’il fait de Lucifer un homosexuel (après tout, le diable gay est tué par des rayons de lumière sacrée à la fin) ? Ou le message est-il ailleurs parce que montrant la religion oppressive, étouffant l'homosexualité efféminée et flamboyante de Lucifer ? La Loggia n’y a jamais répondu. Au spectateur de se faire une idée. Un peu facile, avouons-le...

Fear No Evil pourrait être aujourd’hui une source d'inspiration pour les jeunes cinéastes. Frank La Loggia a réussi à réunir presque seul (son cousin lui a filé un coup de main) 400 000 dollars pour financer la production et trouver des distributeurs, il a dirigé 2 000 personnes dans sa ville natale pendant sept nuits et il a affronté les affres de la météo (la neige lors de la séquence finale), le tout à l'âge de 23 ans ! (Et bien avant son succès avec le très nostalgique et plus réussi Lady in White). Une bonne leçon d’obstination.

(Loran)